Quels sont les effets des hormones sur le corps et sur la peau ?

La définition originale d'une hormone par Starling en 1905 était la suivante : "une hormone est une substance produite par des glandes à sécrétion interne, qui servent à transmettre des signaux à travers le sang vers des organes cibles".

Aujourd'hui, les nouvelles définitions ne couvrent pas non plus l'intégralité du sens des hormones en tant que transporteurs spécifiques d'informations. Un problème majeur est l'absence de distinction entre les hormones et d'autres molécules de signalisation telles que les cytokines, les facteurs de croissance ou les composés autacoïdes.

Cependant, il semble qu'une définition précise ne soit même pas possible, car certaines cytokines et facteurs de croissance agissent comme des hormones dans certaines conditions !

Nous nous concentrerons dans cet article sur les hormones reconnues qui sont des messagers chimiques essentiels et qui gouvernent le fonctionnement complexe du corps humain.

Émises par les glandes endocrines, ces substances jouent un rôle central dans la régulation et la coordination des fonctions physiologiques. Pour explorer en profondeur les effets des hormones sur le corps, nous examinons et vous expliquons les différentes catégories hormonales et leur impact spécifique.

 

1. Hormones sexuelles : pilier de la reproduction

Les hormones sexuelles, notamment les œstrogènes, la progestérone chez la femme, et la testostérone chez l'homme, sont cruciales pour le développement des caractères sexuels secondaires.

Les caractéristiques sexuelles secondaires sont des traits physiques distincts qui se développent pendant la puberté et qui différencient les individus mâles et femelles d'une espèce. Ces caractéristiques ne sont pas directement liées à la reproduction, contrairement aux caractéristiques sexuelles primaires telles que les organes génitaux, mais elles jouent un rôle essentiel dans la signalisation de la maturité sexuelle.

Les caractéristiques sexuelles secondaires émergent sous l'influence des hormones sexuelles, principalement les œstrogènes et la progestérone chez les femmes, et la testostérone chez les hommes.

Chez les femmes :

• Développement des seins : Sous l'effet des œstrogènes, les glandes mammaires se développent, conduisant à la formation des seins. C'est l'un des premiers signes visibles de la puberté chez les filles.
• Croissance des poils pubiens et axillaires : Les hormones sexuelles stimulent la croissance des poils dans la région pubienne et sous les aisselles, signalant le début de la puberté.
• Distribution de la graisse corporelle : Les œstrogènes influent sur la répartition de la graisse, entraînant souvent une augmentation de la masse grasse autour des hanches et des cuisses.
• Élargissement des hanches : La puberté induit souvent un élargissement du bassin, contribuant à la silhouette féminine caractéristique.
• Début du cycle menstruel : L'apparition des menstruations est une caractéristique sexuelle secondaire clé, marquant la capacité potentielle à la reproduction.

 

Chez les hommes :

• Croissance de la poitrine : Bien que moins prononcée que chez les femmes, une petite quantité de tissu mammaire peut se développer chez les hommes pendant la puberté.
• Croissance des poils faciaux et corporels : La testostérone stimule la croissance des poils du visage, des jambes, du torse et d'autres zones du corps.
• Élargissement des épaules et de la mâchoire : La testostérone favorise le développement des muscles, entraînant souvent un élargissement des épaules et une définition accrue de la mâchoire.
• Croissance de la pomme d'Adam : Une protubérance cartilagineuse appelée la pomme d'Adam devient plus prononcée chez les hommes pendant la puberté.
• Élargissement des organes génitaux : La puberté induit la croissance des organes génitaux externes, y compris le pénis et les testicules.
• Modification de la voix : La testostérone entraîne l'épaississement des cordes vocales, provoquant une baisse significative de la voix pendant la puberté.

Sécrétées par les ovaires et les testicules, les hormones sexuelles régulent donc le cycle menstruel, la spermatogenèse et donc le processus de développement des spermatozoïdes, et sont essentielles à la reproduction. Les ovaires, chez la femme, produisent des œstrogènes et de la progestérone, régulant la puberté, l'ovulation et le cycle menstruel.

2. Hormones thyroïdiennes : architectes du métabolisme

Les hormones thyroïdiennes, telles que la thyroxine (T4) et la triiodothyronine (T3), sécrétées par la glande thyroïde, orchestrent le métabolisme. Elles influent sur la consommation d'énergie, la croissance et le développement des organes, assurant l'équilibre hormonal et le bon fonctionnement du corps. Les hormones thyroïdiennes sont également essentielles pour le développement cérébral pendant la gestation.

3. Hormones peptidiques : régulateurs rapides

Les hormones peptidiques, telles que l'insuline et l'adrénaline, sécrétées par le pancréas et les glandes surrénales, régulent le métabolisme du glucose, la réponse au stress et d'autres processus. Le pancréas, à travers l'insuline, régule la glycémie, tandis que les glandes surrénales produisent l'adrénaline, déclenchant la réaction de "lutte ou fuite" en cas de stress aigu.

4. Hormones dérivées : origines spécifiques

Certaines hormones, comme la mélatonine produite par la glande pinéale, ont des origines particulières. Elles influent sur le cycle circadien, régulant le sommeil et l'éveil. Ces hormones dérivées, souvent liées au système nerveux, illustrent la diversité des sources hormonales dans le corps humain.

5. Glande endocrine : maîtresse des hormones

Les glandes endocrines, dont la thyroïde, les glandes surrénales et le pancréas, assurent la sécrétion et la libération d'hormones. En tant que centre de commandement hormonal, elles ajustent constamment les niveaux hormonaux pour répondre aux besoins physiologiques du corps.

L'hypothalamus et l'hypophyse, composants clés du système endocrinien, régulent la sécrétion d'hormones et maintiennent l'équilibre hormonal.

6. Hormone de croissance : accélérateur de développement

L'hormone de croissance, produite par la glande pituitaire ou autrement dit la glande hypophyse, stimule la croissance et le développement des tissus. Elle joue un rôle crucial dans la croissance des enfants et la régénération des tissus chez les adultes. La stimulation de la croissance se produit principalement pendant le sommeil profond.

 

7. Hormones stéroïdes : acteurs clés du système endocrinien

Les hormones stéroïdes, telles que le cortisol et les hormones sexuelles, dérivent du cholestérol. Sécrétées par les glandes surrénales et les gonades, elles régulent diverses fonctions, de la réponse au stress à la régulation du métabolisme. Les hormones sexuelles, comme la testostérone, sont responsables du développement des caractères sexuels secondaires.

8. Hormonothérapie et transition de genre

Les personnes transgenres ont une identité de genre qui diffère de leur sexe assigné à la naissance. Pour de nombreuses personnes transgenres, l'accès à la thérapie hormonale affirmant le genre (GAHT) est une étape importante et médicalement nécessaire dans leur transition de genre.

Pour les trans-hommes, l’hormonothérapie masculinisante consiste à un traitement de testostérone. La testostérone peut se donner par injections sous la peau ou dans le muscle, par application de gel ou par solution cutanée. Parfois, d’autres traitements hormonaux peuvent être prescrits.

Pour les trans-femmes, l’hormonothérapie féminisante consiste en :

• Des anti-androgènes, par comprimés et plus rarement par injections, pour réduire les hormones masculines.
• Des l’oestrogènes
• De la progestérone

Le choix du traitement se fait selon les recommandations du médecin ainsi que les préférences du patient. Il n’y a pas d’évidence qu’une façon approuvée d’administrer le traitement est plus efficace qu’une autre.

Quels sont les effets physiques des hormones?

Les hormones induisent des changements physiques qui sont en harmonie avec l’identité de genre.

La plupart des changements s’observent sur une période de 2 ans. La rapidité et la qualité des changements sont variables d’une personne à une autre.

Les régimes de féminisation et de masculinisation sont sûrs lorsqu'ils sont utilisés dans le cadre de protocoles hormonaux établis et sont associés à des améliorations significatives dans les résultats de santé mentale, y compris une réduction de la dépression, de l'anxiété et de la dysphorie de genre.

Quels sont les effets de l'hormonothérapie sur la peau ?

Les effets sur la peau varient en fonction du type de transition, et donc de thérapie aux hormones privilégiée.

La thérapie hormonale peut induire deux conséquences majeures sur votre peau :

• Un épiderme qui produit moins de lipides, et donc moins de graisse : la peau est plus sèche, et les problèmes liés à la peau grasse ou mixte (points noirs, acné de l’adulte, etc.) tendent à diminuer. C’est souvent le résultat de l’inhibition des hormones mâles au profit des hormones féminines ;
• Ou, au contraire, une production plus importante de sébum, liée à une augmentation des hormones mâles dans l’organisme. La peau s’épaissit, devient plus grasse, des imperfections peuvent s’installer.

Chez les trans-hommes, l’augmentation de la pilosité peut causer des problèmes de poils incarnés : la peau rougit alors localement, il se produit une inflammation, et dans certains cas, une petite boule dure apparaît sous la peau.

Comment soigner la peau pendant une transition de genre ?

La routine beauté reste globalement la même :

1. Nettoyer sa peau 2 fois par jour pour éliminer les impuretés
2. Hydrater le visage avec un soin adapté aux changements cutanés : une crème riche pour les peaux sèches et matifiante anti-imperfections pour les peaux qui deviennent grasses.
3. Réalisez une à deux fois par semaine un gommage et un masque exfoliant purifiant pour stimuler le renouvellement cellulaire et affiner le grain de peau

Vous pouvez privilégier certains actifs :

• L'acide salicylique pour son action exfoliante immédiate sur la couche cornée, qui réduit le nombre des imperfections
• Le zinc gluconate pour réguler en amont la production de sébum, atténuer la brillance et éliminer les points noirs

Quant aux peaux sèches, appliquez une crème riche en lipides et céramides.

9. Thérapie de remplacement hormonal

La thérapie de remplacement hormonal (TRH) consiste à supplémenter les femmes en hormones qui sont perdues pendant la transition ménopausique. Pour soulager les symptômes associés à la ménopause, la TRH conventionnelle comprend un composant d'œstrogène et de progestérone pour imiter les hormones produites par l'ovaire humain. Il existe de nombreuses thérapies à base d'œstrogènes, y compris celles présentes naturellement dans l'ovaire humain, telles que l'estradiol et l'estriol. D'autres composés œstrogéniques comprennent l'estrogène équin conjugué (EEC), l'œstrogène le plus couramment prescrit aux États-Unis. Ils ne sont pas identiques dans leur effet sur le corps humain mais partagent les mêmes indications de la FDA.

Conclusion

Les hormones, régisseurs de l'homéostasie, dirigent un ballet sophistiqué dans le corps humain. Chaque catégorie d'hormones, que ce soit les sexuelles, thyroïdiennes, peptidiques, dérivées, endocrines, de croissance ou stéroïdes, contribue de manière unique au maintien de l'équilibre physiologique. La sécrétion, la stimulation, et la réception par les récepteurs hormonaux sont des éléments cruciaux dans cette danse chimique complexe, illustrant la subtilité de la régulation hormonale. Cette compréhension approfondie est essentielle pour apprécier la sophistication des systèmes endocriniens et leurs implications sur la santé globale.

Sources

1. Unger CA. Hormone therapy for transgender patients. Transl Androl Urol. 2016 Dec;5(6):877-884. doi: 10.21037/tau.2016.09.04. PMID: 28078219; PMCID: PMC5182227.

2. Harper-Harrison G, Shanahan MM. Hormone Replacement Therapy. 2023 Feb 20. In: StatPearls [Internet]. Treasure Island (FL): StatPearls Publishing; 2023 Jan–. PMID: 29630243.

3. Stárka L, Dušková M. What is a hormone? Physiol Res. 2020 Sep 30;69(Suppl 2):S183-S185. doi: 10.33549/physiolres.934509. PMID: 33094616; PMCID: PMC8603735.